Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Actupolis
Derniers commentaires
5 février 2007

Universités

Universités : Mettons fin à l’hypocrisie ambiante !

L’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur français passe par le renoncement à l’hypocrisie qui encourage chacun à s’orienter sans se préoccuper des débouchés de sa filière.

En effet, le système de l’enseignement supérieur français repose sur une triple hypocrisie :

-          chacun doit pouvoir s’orienter selon ses centres d’intérêt, indépendamment des débouchés ouverts par les filières. Or la France est un pays dans lequel les diplômes acquis dans l’enseignement supérieur sont l’unique sésame pour accéder au monde du travail. Cette étroitesse d’esprit qui conduit à penser qu’un étudiant brillant en histoire est incapable de travailler efficacement en stratégie d’entreprise est sans doute regrettable, mais c’est un fait, et il faudra probablement beaucoup de temps pour voir les choses évoluer à l’anglo-saxonne, où un jeune diplômé avec un Bachelor’s Degree en philosophie et un Master en physique (combinaison déjà inenvisageable en France) peut devenir à sa sortie une pointure des fusions-acquisitions, à condition qu’il soit diplômé d’une bonne université, ce qui nous amène au second aspect de l’hypocrisie sur laquelle repose l’organisation de l’enseignement supérieur à la française ;

-          l’absence de compétition entre les universités, inhérente à l’interdiction qui leur est faite de procéder à une sélection des étudiants à l’entrée (elles ne peuvent entrer en compétition juste si elles n’ont pas les moyens de faire valoir leurs atouts auprès des meilleurs étudiants), ne permet pas de produire, en toute transparence pour l’ensemble des étudiants, un panorama des meilleures formations dans chacun des domaines d’études. Dès lors, la décorrélation qui a cours dans les pays anglo-saxons entre la formation initiale du jeune diplômé – pourvu qu’elle soit de qualité - et son débouché professionnel n’est pas possible en France, dans la mesure où la qualité des cursus réalisés par les jeunes diplômés n’est pas connue des recruteurs, sauf en ce qui concerne un petit cercle de privilégiés de certaines universités dans certaines disciplines (Dauphine en économie, Assas en droit…). Cette opacité dans la valeur des cursus empêche à la fois les étudiants méritants de s’orienter vers les filières d’excellence dans la mesure où celles-ci ne sont pas identifiées, et les recruteurs d’avoir confiance dans les capacités des diplômés de ces filières de s’adapter à des situations professionnelles d’une infinie diversité et en perpétuelle évolution. Cette transparence dans l’évaluation et la comparaison des cursus permettrait à TOUS les étudiants (et pas seulement la frange privilégiée qui connaît la valeur accordée aux cursus par les recruteurs) de réaliser leur orientation, dernière source d’hypocrisie du système français, en ayant tous les éléments d’informations nécessaires.

-          L’orientation est en effet confiée à des personnels qui n’ont souvent qu’une expérience extrêmement partielle du monde du travail, généralement issus de la fonction publique ou du secteur para-public et parfois réticents à présenter le monde de l’entreprise. Pas étonnant qu’une majorité de jeunes diplômés aspire dans ces conditions à intégrer la fonction publique ! En outre, ces personnes ont tendance à indiquer aux jeunes en recherche d’orientation que les filières d’excellence, classes préparatoires et grandes écoles en tête, sont réservées à une élite dont ils ne font pas partie. Les expériences d’ouverture réalisées tant à Sciences-Po qu’à l’ESSEC – sur des modes différents – à destination de jeunes des quartiers difficultés démontrent pourtant que leurs chances de succès sont significatives. Arrêtons donc cette sorte d’auto-censure et encourgeons les jeunes méritants à aspirer aux filières qui leur assureront un maximum de réussite !

En résumé, renonçons à ces 3 tabous en rendant les filières compétitives et transparentes, et le marché de l’emploi s’ouvrira plus facilement aux diplômés de filières diversifiées mais à la qualité reconnue. C’est également la clé de la réussite pérenne du modèle français d’éducation supérieure gratuite et publique dans un contexte de concurrence internationale nouvelle et de plus en plus exacerbée.

François

Publicité
Commentaires
Actupolis
Publicité
Actupolis
Publicité