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Actupolis
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5 février 2007

Médiocre communication

Je m'étonne, sachant toutes les heures de séminaires, de briefings, et d'exercices en tous genres dont bénéficient les hommes politiques, de les voir tous aussi pauvres en arguments lorsqu'il s'agit de défendre des projets clé, pourtant plein de ressources et "vendables" par eux-mêmes.

Prenons l'exemple du Traité Constitutionnel européen : l'essentiel de la stratégie d'argumentation a tourné autour du fait qu'il s'agissait d'une évolution normale s'inscrivant dans la logique des traités précédents, Maastricht et Amsterdam, et que de toute façon, il était impossible à la France de dire NON, au risque d'être ridicule.

Mais impossible n'est pas français, et il ne faut pas trop "chauffer" un peuple insatisfait de sa situation en lui disant qu'à l'une des rares occasions où il pourra manifester son mécontentement, ce ne serait pas possible. Deuxièmement, le ridicule ne tue pas, sinon l'essentiel de la classe politique aurait disparue à force de déclarations et d'actions contradictoires... Donc où était le risque ?

D'abord, on le voit aujourd'hui avec les voix qui s'élèvent contre le principe-même de l'Euro et de la BCE indépendante, le risque était d'engager une remise en cause généralisée des acquis européens les plus fondamentaux. Mais qui l'a évoqué ?

Par ailleurs, ce Traité présentait nombre de points positifs et de solutions concrètes à l'Europe bloquée que nous connaissons, notamment la personnification de ses Institutions, sur le modèle de Javier Solana. Qui évoque encore ce dernier dans les grands dossiers internationaux ? Quel recul ! Le tout soi-disant pour rendre l'Europe plus proche des citoyens, engluée qu'elle est désormais dans les négociations entre Etats pour relancer un processus que les Français ont stoppé net sur un coup de sang, bien aidés en cela par le concours opportuniste d'un certain Laurent Fabius, qui aurait pu continuer de s'abstenir de parier sur ce coup-là, comme il s'y était d'ailleurs tenu pendant un long moment...

Mais les tenants du OUI sont restés bloqués au stade primaire et dogmatique du "Vous ne pouvez pas". Le seul à avoir eu une approche un tant soit peu constructive du sujet fut Robert Badinter, qui a mis son talent d'orateur au service de la cause européenne, laquelle avait uni auparavant tous les grands hommes politiques qui n'ont pas sombré dans le calcul personnel. Il fut donc bien seul à se battre vraiment...

Autre exemple, le CPE. A tous ceux qui dénonçaient la précarisation induite par le CPE, personne n'a répondu sur la base de cas concrets, tout le monde est resté sur du "c'est un progrès, il faut flexibiliser le marché du travail" (ce qui est vrai, mais un peu court pour convaincre tout le monde) face au "c'est une horrible régression sociale imposée par un gouvernement réactionnaire" (Feu les dirigeants de la CGT stalinienne n'auraient pas dit mieux).

L'approche était pourtant simple: même en tombant sur un de ces "salauds de patrons" tant fustigés, et en se faisant remercier au bout de la période d'essai de 2 ans, le jeune malchanceux pouvait revendiquer une vraie expérience professionnelle de 2 ans, autrement plus valorisée sur le marché du travail qu'une succession de stages et CDD sans cohérence, décrochés par opportunisme pour des raisons purement alimentaires en désespoir de cause. Qui a évoqué ce "scénario du pire" ? On aurait pu espérer plus de pragmatisme à droite ! Sachant qu'un patron ne va pas s'amuser à former un salarié pour l'offrir à ses concurrents après, mais cette logique économique est trop proche du "marché" pour que nos penseurs politiques ne s'y abaissent.

Cet épisode du CPE fut encore une illustration de la pauvreté du débat politique français et un bel exemple de l'ambition de la gauche pour la France: surtout n'aider personne à s'en sortir, c'est générateur d'inégalités !

Frmar

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