Banlieue, urbanisme, et fonction publique
Depuis des années les hommes politiques, de Tapie à Borloo, nous serinent que pour la banlieue seuls les milliards investis dans la destruction d'immeubles sont utiles. Cette focalisation abusive sur l'infrastructure fait passer au deuxième plan l'importance des personnes.
Il appartient à la République de créer dans les banlieues le creuset de l'intégration et de la promotion républicaine. Or l'adhésion à un modèle se fait essentiellement par les personnes qui servent de modèle, de repère.
Si l'on envoie dans les banlieues comme au bagne des fonctionnaires, policiers, enseignants, personnels des services sociaux, soit inexpérimentés soit recalés d'autres endroits il ne faut pas s'étonner que les habitants des quartiers ne leur vouent pas le respect qu'on serait en droit d'attendre pour des gens qui les servent (au sens noble du terme).
Il faut au contraire totalement changer la politique de ressources humaines de l'administration pour prendre en compte les défis des banlieues. Il faut que soient envoyés dans les quartiers difficiles les meilleurs de chaque administration.
Cela implique que les systèmes de promotion soient totalement inversés, c'est à dire que les moins expérimentés des fonctionnaires soient envoyés là où le métier est le plus facile, pour apprendre en douceur leur métier, et que, gagnant en expérience, ils se confrontent à des problématiques plus complexes et difficiles. Ce redéploiement doit être accompagné d'une incitation salariale très forte, qui pourrait être évaluée, soyons fous, dans une sorte de bourse à l'emploi.
Je suis absolument convaincu que c'est au contact des meilleurs enseignants, des policiers les plus justes, des assistantes sociales les plus expérimentées, des infirmières les plus compétentes, que les habitants des quartiers reprendront confiance dans la République.